V'là l'engin. Mat de chez mat, mordious !

Depuis quelque temps, un détail, une peccadille, un ch'ti caillou dans ma chaussure de peinturlureur compulsif  me titillait grave : pas moyen de trouver une peinture noire qui soit vraiment mate.
J'en avais déniché une jadis chez Prince August. Mais depuis, bernique et peau de balle.
Chaque fois, je tombais sur une peinture un chouia luisante. Aaaaargh ! Vingt de diousse und hildepute ! La marque avait-elle changé sa production, ses piments et son catalogue sans en prévenir son aimable clientèle ?
"Misérable ignorant ! Tout ça, c'est de ta faute, piment " m'avait morigéné mon vendeur habituel, auprès duquel j'étais allé chercher conseil sur un ton fébrile et angoissé.
"Quelques clients m'ont déjà fait la même remarque. Mais il suffit de bien secouer le pot avant, pour mélanger le produit et tu verras que la peinture devient mate. T'as compris, morte couille, ou faut que je répète ? "
Le maître avait parlé. Rouge de honte, j'avais baissé piteusement la tête, acheté le pot qu'il me conseillait d'acquérir et.... QUE DALLE ! Acré milliard eud' d'saleté eud'de bonimenteur mercantile !
De dépit, j'ai donc poussé la porte d'un magasin Games Workshop et là, sourire nickel, tapis rouge, phrases d'accueil onctueuses du genre "vienzy-donc-très-cher-et-très-attendu-client-aux-poches-emplies-de-piécettes-dont-le-subtil-tintement-me-remplit-à l'avance-le coeur-d'allégresse".
Tout cela sussuré par un vendeur dont la suavité calculatrice me faisait furieusement penser, allez savoir pourquoi,  au célèbre commerçant Vincent Pourcent des aventures d'Achille Talon.
Bref, Games Workshop.
"Quoi ? Qu'ouis-je ? Qu'acoutiquais-je ? Qu'apprends-je ? Un noir qui soit vraiment mat ? Mais bien sur, ô merveilleux et munificent client !  J'ai ça en magasin. Tenez, prenez donc celui là " m'a emberlificoté le mielleux.
Heureux comme un séminariste qui vient de tourner en gloussant de plaisir la dernière page de "Lui", j'ai sorti les picaillons et je suis reparti avec l'objet de mes fébriles recherches.
Puis.... RE-QUE DALLE ! Cornecul la mère molle ! Palsembleu and corneguidouille ! Le noir "Chaos Black" en question luisait toujours du plus subtil satiné.
J'étais prêt à me pendre au premier réverbère venu quand un poteau m'a soudainement sorti du noir que je commençais à broyer.
"Bourrin et triple buse que t'es, mon pauv' JJ. Mais pourquoi esse que tu vas pas voir au rayon peinture de Cultura, hein ? hein ? hein ? Pourquoi ? C'est pourtant pas loin de chez toi " a réagi l'avisé général Olivier de Quelboisjemechauffe. En démontrant par la même occasion qu'un Landais, aussi fourbe soit-il, peut parfois être attentif à la misère humaine.
Penaud , mais tout de même un peu méfiant, j'ai donc "culturé" et visionné le rayon en question. Tout cela pour y mettre la main, moyennant quelques euros (en tout cas pas très cher) , sur ce qui était devenu pour moi le Saint Graal : un noir mat de chez mat.
C'est une peinture  acrylique de Liquitex - Basics dénommée  - j'ai toujours pas compris pourquoi mais, à bien y réflechir, je m'en tamponne le coquillard - "noir de mars".
Seul handicap : si tu presses trop fort le tube, le contenu risque fort de se déverser d'un seul coup sur la table, ta liquette, ton falzar, tes pompes et ta moquette.
Gaffe, donc ! Le noir mat, ça se mérite. Mais y a pas plus perfide.